Avez-vous déjà pensé à faire appel à une personne experte en psychologie sociale pour réaliser votre enquête ?
Lorsque vous planifiez une enquête, vous avez probablement en tête des objectifs clairs : obtenir des données précises et pertinentes pour éclairer vos décisions. Mais avez-vous pensé à l’impact des dynamiques sociales et psychologiques sur les réponses recueillies ?
Les enquêtes sont des méthodes pour explorer et comprendre les pensées ou les comportements humains. On peut par exemple s’interroger sur les besoins d’une population, sur la satisfaction à l’égard d’un service, sur le vécu de certaines situations ou encore sur des habitudes de vie.
Au-delà de la simple collecte de données, il est impératif de comprendre les dynamiques sociales et psychologiques qui régissent les réponses données à travers l’enquête.
Et c’est exactement le rôle de la psychologie sociale. Il s’agit d’une science, qui est une branche de la psychologie. Elle étudie la façon dont les processus cognitifs, émotionnels ou les comportements des individus sont influencés par le contexte et les dynamiques sociales.
Le ou la psychologue social.e va prendre en compte ces phénomènes lors des différentes étapes de l’enquête, pour obtenir des résultats au plus proche de la réalité.
Éviter les biais cognitifs
Nos pensées, nos perceptions ou notre analyse d’une situation nous paraissent plutôt fiables. Pourtant, il existe de nombreuses distorsions dans notre manière de traiter les informations. Ce sont des biais cognitifs.
Le rôle de la psychologie sociale est de les identifier et de les comprendre pour les minimiser. L’ordre ou la formulation des questions peuvent être impactés par les biais et avoir un impact significatif sur les réponses. Par exemple, des questions ambigües ou suggestives peuvent induire des réponses biaisées, tandis que des questions ouvertes et neutres encouragent une expression plus authentique des opinions. Les biais cognitifs peuvent aussi apparaître dans la façon d’interpréter les réponses de l’enquête.
Explorons quelques biais qui apparaissent régulièrement dans la création d’enquêtes :
La désirabilité sociale
C’est la tendance à donner des réponses socialement acceptables. On se conforme à ce que l’on pense être attendu de nous pour renvoyer une image positive. Même sous l’anonymat, les personnes peuvent donner des réponses en fonction de ces attendus. Par exemple : dans une enquête sur la santé, les personnes peuvent exagérer la fréquence de comportements perçus comme sains. À l’inverse, ils minimiseront les comportements plus risqués pour la santé.
Biais de récence
Nous accordons plus d’importance et nous nous souvenons mieux des événements et situations récents, par rapport aux plus anciens. Prenons l’exemple d’une enquête qui interroge les participant.e.s sur des événements vécus ou des comportements passés. À cause du biais de récence, leurs réponses feront référence aux situations les plus récentes qu’ils ont vécues, et ne reflèteront pas l’ensemble de tous leurs comportements passés.
Biais de confirmation
Dans une enquête, ce biais est plutôt attribué à la personne qui interprète les résultats. En effet, on retient principalement les informations qui vont dans le sens de nos croyances ou de nos hypothèses initiales. Ce biais peut apparaitre lorsque les questions sont formulées de manière à conforter l’opinion de l’enquêteur.ice. Mais également si l’interprétation des résultats ne prend en compte que certaines réponses ou qu’une partie de la réponse.
L’erreur d’acquiescement
Il s’agit de la tendance à acquiescer. Les participant.e.s auront plutôt tendance à répondre « oui » aux questions si les options de réponse sont « oui » ou « non », d’autant plus si la réponse attendue apparait clairement dans l’énoncé de la question.
Effet de primauté
Il apparaît lorsque l’on doit sélectionner une réponse parmi une liste de propositions. Ce sont souvent les premières options de réponse présentées qui sont choisies.
Amplifier votre impact avec une stratégie de diffusion efficace
Lorsque votre trame de question semble optimale, vous allez envisager de diffuser votre enquête. Il est alors essentiel de comprendre les mécanismes de diffusion de l’information, pour optimiser votre taux de réponses complètes. De nouveau, à cette étape, la psychologie sociale apporte des clés de compréhension et d’amélioration de votre stratégie de diffusion.
Identification et recrutement des participant.e.s
Pour cibler efficacement les populations pertinentes, il est nécessaire d’émettre des messages persuasifs pour encourager la participation ;
Utiliser la preuve sociale en mettant en avant le nombre de participants déjà impliqués dans l’enquête pour inciter les autres à participer également ;
Personnaliser au maximum l’invitation à participer pour que la personne sache qu’il y a une intention réelle de connaitre ses opinions, habitudes ou comportements ;
Accentuer le sentiment d’appartenance à un groupe.
Engagement des participant.e.s
La participation continue peut être encouragée grâce à différentes techniques, qui sont issues de théories en psychologie sociale : la consistance (s’engager publiquement à remplir l’enquête, ce qui les incite à honorer leur engagement initial), la norme de réciprocité (en offrant une récompense, comme un rapport exclusif sur les résultats de l’enquête en échange de leur participation), ou encore la valorisation des bénéfices concrets de la participation (amélioration des services, des conditions de vie…).
Communication des résultats
Il s’agit ici d’appliquer des techniques de communication efficaces pour maximiser l’impact des résultats. Il est essentiel de réfléchir à l’adaptation du message en fonction des besoins et intérêts des différentes personnes à qui vous vous adressez.
Par exemple, en utilisant l’effet de familiarité en choisissant des canaux de communication familiers et appréciés du public cible. Vous favorisez ainsi leur attention et donc leur participation.
Egalement, vous pouvez présenter les résultats de manière à ce que les participant.e.s se sentent personnellement concerné.e.s par les conclusions et les recommandations. C’est la théorie de l’identification. Elle renforce leur intérêt et leur implication dans les actions suggérées à la suite de l’enquête.
Il est aussi possible d’encourager la participation du public cible à la discussion des résultats. Cela renforce les sentiments d’autonomie, de compétence et de lien social. Selon la théorie de l’autodétermination, ce sont des facteurs de motivation.
Analyser les résultats pour des conclusions pertinentes
Pour l’analyse des résultats de votre étude, le ou la psychologue social.e est formé.e aux méthodes d’analyses statistiques.
Elles permettent de traiter les données de manière rigoureuse, en identifiant les tendances et les relations entre les variables. Autrement dit, d’explorer les liens entre les différentes réponses des participant.e.s (par exemple : est-ce que le fait de se déplacer plus souvent en vélo est lié à sa composition familiale, ou est-ce que les habitudes alimentaires sont liées à l’âge, etc.).
Cependant, une simple analyse statistique ne suffit pas à elle seule pour avoir des clés de compréhension des différents comportements ou opinions.
C’est également dans l’interprétation des résultats qu’un regard psychosocial permettra d’approfondir les réflexions. Il permet de comprendre les motivations, les croyances ou les dynamiques sociales sous-jacentes aux différences de réponses entre les participant.e.s.
En combinant une analyse statistique rigoureuse avec une compréhension approfondie des principes de la psychologie sociale, vous obtenez une image plus complète et précise des comportements, pensées ou motivations des individus. Cela vous permet de formuler des recommandations plus éclairées et pertinentes pour guider les décisions et les actions futures.
Vous souhaitez vous lancer et être accompagné.e pour la réalisation de la trame d’enquête (par questionnaire ou entretien) ? N’hésitez pas à me contacter pour profiter d’un suivi personnalisé, s’adaptant à vos besoins !
Sources :
Fischer, G.-N. (2020). Chapitre 1. La psychologie sociale : Approche et théories: In Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale (p. 15‑39). Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.fisch.2020.01.0015
Giezendanner, F-D. (2016). Enquêtes : Principaux biais dans la formulation des questions. https://icietla-ge.ch/voir/spip.php?article169
https://www.penser-critique.be/wp-content/uploads/2018/02/codex-biais-cognitifs.pdf
https://fr.surveymonkey.com/mp/biais-recherche